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Il était une fois, au début du siècle dernier, un auteur de science fiction qui voyait les machines envahir petit à petit le monde des hommes. “Merveilleux” s’écrit-il, on va remplacer tous les travailleurs par des machines, les hommes seront libérés du travail et pourront profiter de la vie !

Il était une fois, à la fin des années soixante dix, un jeune qui n’a pas connu la guerre. “Merveilleux” s’écrit-il. On remplace les hommes par des machines, mais vu que l’économie est en croissance folle on retrouve tout de suite du travail ailleurs ! En plus grâce aux machines, on produit des jeans en série, des télés pour tout le monde, je vais même pouvoir me payer une voiture !

Il était une fois, hier en fait, une jeune femme qui arrive sur le marché du travail. “Merveilleux” s’écrit-elle. On a tellement consommé de trucs, de bidules, de téléphones portables, de lecteurs mp3 et patati et patata que l’économie croissante nous a permis, nous les femmes, de travailler autant que les hommes. C’est incroyable tout de même : le P.I.B. de la France à doublé en trente ans !

Mais aujourd’hui, les trois ont un gros doute. Le premier croupi avec une retraite miteuse, le second n’a pas un ami et déprime malgré sa BMW, et la troisième se dit que c’est bête à dire, mais les gens étaient plus heureux y a trente ans quand le P.I.B. était moitié moins grand …

La vraie révolution aujourd’hui, ce n’est pas quelqu’un qui découvre un moyen de multiplier par 2 la productivité de son travail. Non, la vraie révolution c’est quelqu’un qui en le faisant choisit d’aller à la plage toutes ses après-midi au lieu de chercher à gagner deux fois plus en bossant comme avant. Opter pour la décroissance ce n’est pas seulement une lubie d’écolo, c’est aussi prendre conscience de l’immense gâchis que les hommes ont fait de leur savoir faire en le mettant au service de la croissance brute et absurde au lieu de la consacrer à la qualité de la vie.