L’obscure lubie des objecteurs de croissance
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Le Monde.fr : L’obscure lubie des objecteurs de croissance
Au-delà des préoccupations écologiques légitimes qui sont les siennes, il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu’elle est, une théorie élaborée par des individus habitant des sociétés prospères. Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble.
Ok, l’article du Monde est un ramassis de clichés ultra-tendancieux voguant sur le thème “écologiste = antisocial”. Il n’empêche, cela montre que ces clichés sont tenaces et qu’il y a un manque crucial de sensibilisation aux idées de l’écologie politique.
Le raccourci pris par l’auteur est saisissant : “décroissance = diminution des richesses = les pauvres restent pauvres = écologie antisociale”. C’est oublier que la décroissance signifie surtout l’arrêt de la course aux bidules inutiles. Ce n’est ni une régression technologique, ni forcément une décroissance des richesses puisque certaines activités (de l’économie dite “non marchande”) ne sont pas comptabilisées dans le taux croissance.
C’est oublier également qu’à partir du moment où on dit “les ressources sont limités” et qu’on choisit de “décroître”, on en arrive forcément à une redistribution plus juste des richesses. Aujourd’hui, on dit aux pauvres “vous n’avez rien, mais le monde devient tellement riche qu’au final vous aurez quelquechose”. Si les ressources sont limités, ce discours ne tient plus et on est obligés de revoir l’équilibre du monde : “ma croissance limitée contre ton aide au développement”.
C’est oublier également que les populations les plus pauvres sont les plus touchées par la surconsommation de ressources. Ce sont eux qui souffrent du prix élevé du pétrole (et pas les vacanciers), ce sont eux qui sont en première ligne des cyclones (cf Katrina), ce sont eux qui souffrent des sècheresses, qui subissent les guerres pour le pétrole et pour l’eau, etc, etc… Lutter contre la croissance à tout prix, c’est lutter pour que la tendance s’inverse, c’est saisir la dernière chance pour que les générations futures ne vivent pas toutes dans la misère. On est loin des lubies de gosses de riches là non ?
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6 Commentaires »
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toujours d’accord à 1000% !
Comment by nuagenvol — Monday, 31 July 2006 @ 19:17
Et nos sociétés montrent que l’augmentation de la richesse de quelques uns ne signifie pas la suppression de la pauvreté. La ‘fracture sociale’ n’est pas dûe à la décroissance…
Comment by Philippe — Monday, 31 July 2006 @ 21:25
Cela dit, même s’il est outrancier et caricatural, l’article touche certains points assez vrais : la négation du progrès scientifique par les décroissants est une plaie, leur essentialisme concernant les cultures humaines est parfois dangereux, certains virent au pire réactionnaire concernant les droits humains (surtout ceux des femmes, comme par hasard).
L’auteur de l’article aurait gagné ) creuser ces points-ci, en lisant Cyril Di Meo par exemple : http://cyril-dimeo.over-blog.com/
Comment by Bix — Tuesday, 1 August 2006 @ 10:11
Je suis assez voir totalement d’accord, mais c’est jeter le bébé avec l’eau du bain : il y a décroissance et décroissance. Dommage que le propos ne soie pas plus nuancé sur ces points …
Comment by Muad'dib — Tuesday, 1 August 2006 @ 10:21
“Le PIB est une mesure comptable, rien de plus, et surtout pas la jauge du bien-être social ou individuel” ; “Le choix des mots est important. Le mot croissance est dynamique. Le mot décroissance est un frein. Qui donc accepte d’être freiné ? Pour ma part, je préfère les mots sans connotation de privations à endurer” – Ces 2 commentaires d’Hubert Reeves sont tout à fait pertinents http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-800106,0.html
Mais cela n’éclaire pas la violence de l’article du Monde. On peut y voir le banal mépris pour les minoritaires : on a pris conscience qu’un nouveau discours émerge mais on refuse d’en comprendre le sens. Et on dit que c’est un discours totalement nouveau, marginal et inconsistant.
Tout cela est faux, archi-faux. Nous sommes confrontés à un problème central du capitalisme dont on ne devrait pas laisser le monopole de la critique aux marxo-trotskystes. Il y a une actualité nouvelle d’un problème ancien parfaitement posé dans une dizaine de pages du Capital sur le thème du “fétichisme de la marchandise” et il s’agit de savoir si le capitalisme est capable de résister à la dématérialisation.
La théorie du fétichisme de la marchandise pose que la production n’a pas d’autre but que d’accroitre le volume financier mais que la marchandise est le vecteur indispensable. Résultat : hypertrophie de production, monétarisation de tout échange, “réification” (chosification) de tout service. Voilà, l’addiction à la croissance économique a une cause profonde intrinsèquement liée au capitalisme et on ne l’a pas découvert la semaine dernière.
Mais il y a une actualité forte liée à la dématérialisation. Les échanges financiers sont toujours plus spéculatifs (produits dérivés…) et les objets eux-mêmes ont de moins en moins de consistance physique (droits d’auteur, brevets).
L’écologie politique, dont la première vague en France restera symbolisé par René Dumont, a d’abord centré l’attention sur la contre-productivité du capitalisme dans notre univers physique : la pollution, le nucléaire, l’environnement naturel. Il y a une deuxième vague balbutiante centrée sur l’univers symbolique : critique de la consommation et de la publicité, mise en cause de la monétarisation des échanges (le logiciel libre est-il un produit ? Fait-il baisser le PIB ? les droits d’auteur sont-ils légitimes ?), discussion sur les rapports entre la science et les techniques.
Il y a tout un nouveau pan de la critique sociale qui a émergé depuis quelques années sans avoir encore trouvé de traduction politique. Je suis persuadé que cette nouvelle vague, qui frémit encore à peine à l’horizon, sera beaucoup plus puissante que la précédente.
Comment by Filatre — Saturday, 5 August 2006 @ 11:52
Mais cette traduction politique … ce sont les Verts ! Le seul soucis étant que les médias traditionnels continuent à réduire les Verts à des défenseurs de l’environnement alors que les militants Verts défendent l’écologie politique. y a encore du boulot
Comment by Muad'dib — Saturday, 5 August 2006 @ 12:02