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Les échos : Pétrole : le Sénat veut mobiliser les stocks stratégiques

Le peak oil a fait l’été dernier une entrée fracassante dans le monde politique. Il n’y a pas de secret : lorsque la crise pétrolière se contente d’être une lubie d’écolos millénaristes, il n’y a pas de public, mais dès lors qu’elle touche au portefeuille …

Les sénateurs Joseph Kerguéris (UC-UDF) et Claude Saunier (PS) ont rendu hier un rapport sur la crise du pétrole et ses implications sur l’économie française. Les conclusions n’ont absolument rien d’apocalyptique : quelques centièmes de points de croissance sur les vingts prochaines années, les auteurs concédant qu’il est tout de même indispensable de réduire notre consommation.

Le débat sur les conséquences économiques du pic peut mener assez loin et faire l’objet de conclusions variées. Mais si on se contente de parler de points de croissance, on passe à coté de l’essentiel de la crise ! La crise, la vraie, ce n’est pas simplement celle du pétrole. C’est celle de toute une vision de l’économie tournée vers la croissance et la consommation toujours plus importante des ressources de la planète.

Aujourd’hui, les libéraux justifient les inégalités de leur modèle économique en disant “ok, le gâteau est mal partagé, mais grâce à la croissance il grossit et tout le monde finira par en avoir une part”. C’est ainsi que la Chine va prendre une part du gâteau, et l’Inde, et l’Amérique du sud, et un jour l’Afrique. Avec la crise pétrolière, on sera pour la première fois confronté à une limite physique infranchissable : le gâteau en aura fini de grossir, il n’y aura jamais 6 milliards d’êtres humains vivants comme Massimo Gargia (faut-t-il vraiment s’en plaindre ?).

Le bouleversement de la donne est alors total : fini les promesses à l’Afrique du type “votre tour viendra”. Si on est confronté à une limite physique, si toute augmentation du niveau de vie d’un pays passe par la diminution de celui des autres, c’est la conception même du village mondial qu’il va falloir revoir. Aucun niveau de vie ne pourra plus être non-négociable car aucune promesse d’avenir économique meilleur ne tiendra plus.

Voilà la crise, la vraie, celle du capitalisme, au delà de celle du pétrole.