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Pierre Radanne et Andrée Buchmann nous évoquaient hier soir la grande difficulté des Verts à passer des constats aux actes.

Depuis leur formation et même depuis leurs prémisses, les questions soulevées par les écologistes étaient les bonnes et on le constate chaque jour encore plus : crise de l’énergie, crise du capitalisme, crise du modèle de la société de consommation, éthique de la recherche scientifique, principe de précaution, etc, etc …
A coté de cette vision pertinente, il a toujours manqué un programme pertinent. On l’a vu en 1997 lorsque les Verts ont eu accès aux fonctions ministérielles : la surprise de l’accession aux responsabilités conjuguée à l’ambition de l’objectif à atteindre a abouti à des mesures utiles, mais qui sont restées du domaine du symbolique.

Cette incapacité à élaborer un programme cohérent est en partie due à l’ambition des écolos : changer radicalement la société par voie démocratique ne se fait pas en un jour, ni en un mandat. Devant la tâche à accomplir, Pierre Radanne propose un programme en deux parties : un objectif de portée générationelle d’une part, un programme réaliste à la portée d’un mandat d’autre part. Cette approche est intéressante car elle tend à réconcilier ceux qui critiquent un passage au gouvernement “petit bras” et ceux qui critiquent des écolos aux objectifs démesurés.

Mais il y a d’autres causes. Les écolos, portés par 1968, avaient de vraies ambitions en politique. Etre cantonné à 5-10% des suffrages conduit forcément à des compromis qui diminue fortement ces ambitions.

Autre cause : le poids du parti. Si former un parti écologiste était une nécessité, sa création a cassé le réseau associatif très actif qui tournait autour. En ayant une logique de parti, en proposant des postes aux militants, Les Verts ont dérivé de leur fonctionnement associatif. D’où une remarque de Pierre Radanne : quand on passe 95% du temps des conseils nationaux à parler de questions internes, et une grande partie du temps restant à parler des positions du mouvement, il ne reste plus une grande place pour l’élaboration d’un programme. Sans aller jusqu’à dire que Les Verts ont tués l’écologie associative en France (Greenpeace, les Amis de la Terre), le fait est que l’écologie a noyé une partie de sa force vitale dans la politique.