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Dans son édition du 14 décembre 2004, La Tribune présentait le premier volet d’une série d’articles sur “le monde confronté à ses choix énergétiques”, premier volet intitulé “L’avenir incertain de l’or noir”.

Grandiose ! Le journal qui prétend être la référence du monde économique en général et des boursicoteurs en particulier s’intéresse enfin à une échéance située un peu plus loin que le bout de son nez, en l’occurrence la fin de l’ère pétrolière. Comme il ne faut pas trop lui en demander, l’article ne s’intéresse qu’à la prévision de la date de l’évènement en question: l’important pour la bourse, ce ne sont ni les causes ni les conséquences de cet évènement, c’est le moment où il faudra vendre ses actions Shell…

Puisque la fin de l’ère du pétrole signifiera probablement une révolution dans le domaine du commerce mondial en général, ainsi que la fin probable de l’hégémonie du dollar, on peut imaginer qu’un journal comme La Tribune prenne un petit peu au sérieux ce sujet. Que nenni: on a sur trois pages la répétition de ce qui s’est dit de plus faux ces quarante dernières années:
_ Le calcul des “années de consommation restantes”, 40 selon l’article, ne tient pas compte de la croissance de la consommation… alors que la fin de l’article expose le fait qu’il nous faut trouver l’équivalent d’une Arabie Saoudite tous les 4 ans au rythme actuel.
_ La Tribune, pourtant au fait de la manière dont se passent les crises boursières, semble assurer que le marché du pétrole restera tranquille jusqu’aux dernières années de consommation, alors que ce n’est pas l’épuisement des réserves, mais la demande structurellement supérieure à l’offre qui sera le déclencheur de la crise.

Deux points positifs tout de même:
_ Le fait d’avouer que les informations concernant le pétrole (production, consommation, réserves,...) ne sont pas fiables, et que personne ne peut du coup prévoir la crise…
_ Un encadré sur le “peak oil”, titré “l’ultra pessimisme de l’école du peak oil”. Ce qui est dingue, c’est que cet encadré fait relativement peur… et n’apporta aucune contradiction au fait que le peak oil est une réalité. Pourquoi alors taxer cette école “d’ultra pessimisme” ?

Au final, La Tribune est incapable, pour les mêmes raisons que les décideurs, d’envisager une crise inévitable au delà d’un certain délai, surtout lorsque ce délai est discutable et discuté (actuellement: de 4 à 25 ans). Ce n’est pas tellement étonnant de la part de cet empire du raisonnement à court terme qu’est la bourse, mais ça reste quand même pas mal inquiétant…